I still remember the first time I heard a song by Woodkid. We were on a road trip through Iceland, and just as I reached the top of a steep hill somewhere in the midst of the West Fjords, The Golden Age came on. I remember it so vividly that even today, I get goosebumps thinking about it. Those views, those tunes—it was a moment of pure happiness, the pure joy of being alive.
Years later, in a very different state of mind, dealing with pain I hadn’t seen coming, it was his Horizons Into Battlegrounds that I listened to while wandering the city, feeling lost and stuck. Depending on my mood, it made me cry or fiercely motivated me to push through. What it never did was leave me cold.
A couple of weeks ago, with both those stages of life well behind me, Vacheron Constantin invited me—alongside some fellow writers—to a once-in-a-lifetime experience: Woodkid live in concert, live in private concert, unplugged and up close, at the legendary Abbey Road Studios in London. And, to top it off, to meet him before the show for a chat. You can only imagine my excitement.
And so I met Woodkid, or Yoann Lemoine, as is his legal name, in the morning before the concert at the famous Studio 2. He was a little nervous, he said apologetically, about singing here tonight—and maybe, I thought to myself, also about sitting here surrounded by our small group of journalists, expected to say smart things about music, life, and about himself. There was no need. He excelled at both.
Je me souviens encore de la première fois où j’ai entendu une chanson de Woodkid. Nous étions en road trip à travers l’Islande, et juste au moment où j’atteignais le sommet d’une côte escarpée, quelque part au cœur des Fjords de l’Ouest, The Golden Age s’est mise à jouer. Ce souvenir est si vif que j’en ai encore des frissons aujourd’hui. Ces paysages, ces mélodies – c’était un instant de pur bonheur, la joie simple d’être vivant.
Des années plus tard, dans un tout autre état d’esprit, confronté à une douleur inattendue, c’est Horizons Into Battlegrounds que j’écoutais en errant dans la ville, me sentant perdu et coincé. Selon mon humeur, cette musique me faisait pleurer ou me donnait la force de tenir bon. Ce qu’elle n’a jamais fait, en revanche, c’est me laisser indifférent.
Il y a quelques semaines, bien loin derrière ces deux étapes de ma vie, Vacheron Constantin m’a convié – ainsi que quelques autres journalistes – à une expérience unique : un concert privé de Woodkid, en acoustique et en toute intimité, dans le légendaire Abbey Road Studios à Londres. Cerise sur le gâteau, la rencontre avec lui avant le show pour discuter un moment. Vous imaginez bien mon enthousiasme.
On a donc rencontré Woodkid, ou plutôt Yoann Lemoine, son vrai nom, le matin du concert, dans le célèbre Studio 2. Il nous a confié, un peu nerveux, qu’il était impressionné de chanter ici ce soir – et peut-être, j’ai pensé, aussi à l’idée d’être assis là, entouré de notre petit groupe de journalistes, attendu pour parler musique, vie, et de lui-même. Mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Il a brillé dans les deux.
KM You are a music video director, a graphic designer and a singer-songwriter. In which of these fields do you feel most comfortable? From what I gather, it doesn’t seem to be singing...
YL The cruel thing about being an artist is that you can feel incredibly stressed by your work, and yet it still feels fundamental to who you are. And all my creative roles feel fundamental to me, which is why I never chose just one path in my career. When I’m on set, directing music videos for artists I admire, I feel complete. When I’m in the studio, composing a song, I feel complete. When I’m on stage performing, I feel complete. And even in moments like this—talking about my work—I feel complete. Ultimately, what I love most is telling stories. Sometimes it's through music, sometimes visuals, sometimes writing. The medium changes, but the purpose remains the same.
KM Tu es réalisateur de clips, graphiste et auteur-compositeur-interprète. Dans lequel de ces domaines te sens-tu le plus à l’aise ? D’après ce que j’ai compris, ce n’est pas vraiment le chant…
YL Ce qui est dur quand on est artiste, c’est que tu peux être terriblement stressé par ton travail, et pourtant, il reste fondamental à ce que tu es. Tous mes rôles créatifs me sont essentiels, c’est pourquoi je ne me suis jamais limité à une seule voie. Quand je suis sur un tournage, à réaliser des clips pour des artistes que j’admire, je me sens complet. Quand je suis en studio, en train de composer une chanson, je me sens complet. Quand je suis sur scène, à performer, je me sens complet. Et même dans des moments comme celui-ci – quand je parle de mon travail – je me sens complet. Au fond, ce que j’aime le plus, c’est raconter des histoires. Parfois avec la musique, parfois avec l’image, parfois avec les mots. Le support change, mais le but reste le même.
KM What does it mean to you to sing here at Abbey Road Studios?
YL Do you want the nice answer or the ugly truth?
KM Both, obviously.
YL The nice answer is that it’s an honour to be here—to walk in the footsteps of legends and artists I deeply admire. But the truth? I feel like I don’t belong here. And maybe that, too, is part of what it means to be an artist. I believe in having masters, in looking up to those who inspire you—being aware of that unreachable level just above you, the one you never stop striving for.
KM Your life seems defined by this, the constant searching for better, for more. You studied illustration and animation, then started directing music videos and ultimately transitioned into becoming a musician in your own right. And as the story goes, your first songs were written on a ukulele? Not the instrument most people would expect…
YL I was working on a documentary about folk music legend Richie Havens at the time. When we wrapped, Richie gave me a ukulele that he signed and tuned for me—and yes, that’s the instrument I composed my first songs on.
KM They must have sounded quite different from the sweeping soundscapes you are known for today.
YL I started out writing folk songs, simply because that was all I had the means for. I had no money at the time, had no computers, and knew nothing about production. But playing chords on my four-string and singing along to them was enough for me to write songs and tell stories the way I wanted to.
KM Que signifie pour toi chanter ici, aux Abbey Road Studios ?
YL Tu préfères la belle réponse ou la vérité crue ?
KM Les deux, donc.
YL La belle réponse, c’est que c’est un honneur d’être ici – de marcher sur les traces de légendes et d’artistes que j’admire profondément. Mais la vérité ? J’ai l’impression de ne pas appartenir à cet endroit. Et peut-être que ça fait aussi partie de ce que signifie être artiste. Je crois en l’existence de maîtres, en le fait de regarder vers ceux qui t’inspirent – en étant conscient de ce niveau inaccessible juste au-dessus de toi, celui pour lequel tu ne cesses jamais de te battre.
KM Ta vie semble définie par cette quête constante du mieux, du plus. Tu as étudié l’illustration et l’animation, puis tu as commencé à réaliser des clips avant de devenir finalement musicien à part entière. Et comme le raconte l’histoire, tes premières chansons ont été écrites sur un ukulélé ? Pas l’instrument auquel on s’attendrait…
YL À l’époque, je travaillais sur un documentaire consacré à la légende de la musique folk Richie Havens. Quand nous avons terminé, Richie m’a offert un ukulélé qu’il a signé et accordé pour moi – et oui, c’est bien avec cet instrument que j’ai composé mes premières chansons.
KM Ils devaient sonner bien différemment des paysages sonores grandioses pour lesquels tu es connu aujourd’hui.
YL J’ai commencé par écrire des chansons folk, simplement parce que c’était tout ce dont je disposais. Je n’avais pas d’argent à l’époque, pas d’ordinateur, et aucune connaissance en production. Mais jouer des accords sur mon quatre-cordes et chanter dessus me suffisait pour composer des chansons et raconter des histoires à ma façon.
KM Not for long, though.
YL In the end, I couldn’t really deny my roots. I come from a family of musicians, I sang in a choir for years, and I studied at the English conservatory. Music has always been a part of my life. I remember when I was young, I had a little CD player next to my bed. At night, I would put on headphones and listen to soundtracks by masterminds like John Williams and Angelo Badalamenti—often from films I hadn’t even seen. I would just lie there, listening, creating stories in my head. It felt like that orchestral music bridged the auditory and visual parts of my brain. So when I started composing, I quickly realised that for the music to be truly mine, it needed to carry that same sense of scope and emotional depth.
KM Pas pour longtemps, cependant.
YL En fin de compte, je ne pouvais pas vraiment renier mes racines. Je viens d’une famille de musiciens, j’ai chanté pendant des années dans une chorale, et j’ai étudié au conservatoire anglais. La musique a toujours fait partie de ma vie. Je me souviens, quand j’étais enfant, j’avais un petit lecteur CD près de mon lit. Le soir, je mettais mes écouteurs et j’écoutais les bandes originales de maîtres comme John Williams ou Angelo Badalamenti – souvent issues de films que je n’avais même pas vus. Je restais simplement là, allongé, à écouter, créant des histoires dans ma tête. J’avais l’impression que cette musique orchestrale faisait le lien entre les parties auditive et visuelle de mon cerveau. Alors, quand j’ai commencé à composer, j’ai vite compris que pour que la musique soit vraiment mienne, elle devait porter cette même ampleur et cette profondeur émotionnelle.
KM How scary was it to start working with an orchestra?
YL Absolutely terrifying! Orchestras are some of the most political, rule-bound systems I can think of. They’re like monsters with multiple brains and intense internal conflicts that you have to understand and learn to navigate. It is just really, really bizarre...
KM Sounds like a task that requires a lot of confidence.
YL It is. When you have a panel of 60 people playing in front of you, there will always be some who hate what they’re doing and others who love it. You have to show them your passion and find the right words to be understood—which is tricky, especially when you’re not as fluent in musical language as they are. What I find funny is that I seem to get more respect from those musicians than from artists within my own genre.
KM Is that what draws you back to working with orchestras time and time again
YL People spend a lot of time trying to define artists, categorising them and defining their style. But most of the time, what we do is very instinctive. We tell the stories that come to us in the way that feels natural—and only sometimes, there ends up being a common, often unconscious thread running through everything. That’s true in my case. A central aspect of my work is the relationship of scales between things—between humans and nature, and between humans themselves. As a man, I feel very insignificant. There is this smallness in my voice, this intimacy, that I’ve always wanted to clash with something powerful enough to both overwhelm and protect it. And what better way to do that than with an orchestra—the biggest musical force there is?
KM Est-ce que ça t’a fait peur de te lancer avec un orchestre ?
YL C’était terrifiant ! Les orchestres sont parmi les systèmes les plus politiques et codifiés que je connaisse. Ce sont comme des monstres à plusieurs cerveaux, avec des conflits internes intenses qu’il faut comprendre et apprendre à gérer. C’est vraiment, vraiment bizarre…
KM Ça a l’air d’une mission qui demande beaucoup de confiance en soi.
YL Quand tu as devant toi un orchestre de soixante personnes, il y en aura toujours qui détestent ce qu’ils font, et d’autres qui adorent ça. Il faut leur montrer ta passion et trouver les bons mots pour te faire comprendre – ce qui n’est pas évident, surtout quand tu ne maîtrises pas aussi bien le langage musical qu’eux. Ce que je trouve drôle, c’est que j’ai l’impression de gagner plus de respect de la part de ces musiciens que de la part d’artistes dans mon propre genre.
KM Est-ce cela qui te pousse à revenir sans cesse travailler avec des orchestres ?
YL On passe beaucoup de temps à essayer de définir les artistes, à les catégoriser, à cerner leur style. Mais la plupart du temps, ce que nous faisons est très instinctif. Nous racontons les histoires qui nous viennent, de la manière qui nous semble la plus naturelle – et ce n’est qu’occasionnellement qu’un fil conducteur, souvent inconscient, finit par traverser tout cela. C’est le cas pour moi. Un aspect central de mon travail est la relation d’échelle entre les choses – entre l’homme et la nature, et entre les hommes eux-mêmes. En tant qu’homme, je me sens très petit. Il y a cette fragilité dans ma voix, cette intimité, que j’ai toujours voulu faire résonner avec quelque chose de suffisamment puissant pour la submerger tout en la protégeant. Et quoi de mieux pour ça qu’un orchestre – la plus grande force musicale qui soit ?
KM As a director and producer, you work under your legal name, Yoann Lemoine. Why did you decide to sing as Woodkid?
YL Woodkid was the name of my MySpace account where I first published my music. Why Woodkid? No idea! I just thought it sounded cool. And now, I’m stuck with it.
KM Would you rather not be?
YL Well, one day I’ll be 60 and still standing on stage as Woodkid. It feels a little ridiculous, but that’s what it is now. And the stage name is a way for me to separate myself as a singer from myself as a producer and director.
KM A name, in a way, for you to tell your own stories, and a name for you to help others tell theirs.
YL I guess.
KM Your music is deeply personal–yet you decided to sing in English instead of your mother tongue, French. How come?
YL I think I instinctively understood that my music would be hard to sell. And I knew that singing in English would give me a slightly better chance at success than making very depressing music which, on top of everything, is in French. But if I’m being really honest, singing in English also allowed me to make the music feel more fantastical—less like me. When I started, I saw art as a form of escape, a way to become someone else, at least for a little while.
KM Tu signes tes réalisations et productions de ton vrai nom, Yoann Lemoine, mais tu as choisi Woodkid comme nom de scène pour ta musique. Pourquoi ce choix.
YL Woodkid, c’était le nom de mon compte MySpace où j’ai publié ma musique pour la première fois. Pourquoi Woodkid ? Aucune idée ! Je trouvais juste que ça sonnait bien. Et maintenant, je suis coincé avec.
KM Tu préférerais ne pas l’être ?
YL Un jour, j’aurai soixante ans et je serai toujours sur scène sous le nom de Woodkid. Ça paraît un peu ridicule, mais c’est comme ça maintenant. Et ce nom de scène me permet de me distinguer en tant que chanteur de moi-même en tant que producteur et réalisateur.
KM Un nom, en quelque sorte, pour raconter tes propres histoires, et un nom pour aider les autres à raconter les leurs.
YL En quelque sorte.
KM Ta musique est très intime – pourtant, tu as choisi de chanter en anglais plutôt que dans ta langue maternelle, le français. Pourquoi ?
YL Je pense que j’ai instinctivement compris que ma musique serait difficile à vendre. Et je savais que chanter en anglais me donnerait un peu plus de chances de succès que de faire une musique très sombre qui, en plus, serait en français. Mais pour être honnête, chanter en anglais m’a aussi permis de rendre la musique plus fantastique – moins comme moi. Quand j’ai commencé, je voyais l’art comme une forme d’évasion, un moyen de devenir quelqu’un d’autre, au moins pour un temps.
KM And now?
YL Now I want to be less escapist and more brutally honest and political. And above all, I want to create music that hasn’t been done before. I listen to new songs and constantly ask myself if they sound like something I already know. Like, oh, that’s clearly James Blake, or Philip Glass, or very Radiohead. But I’ve realised I need to stop worrying about that—because in the end, whatever you think is original… Björk has already done it.
KM Does that mean your music these days is less personal than it used to be?
YL I have reached a point in my life where I’m a bit tired of being at the center of everything I do. So yes, my more recent songs aren’t necessarily inspired by my own experiences or emotions anymore.
KM Old or new, your music often tells stories of fear, and failure, and pain–very depressing stuff, to use your own words.
YL I have always been more interested in the tough side of things. I think that’s what truly reveals who we are—how we overcome difficulties, how we make things happen. How we keep going in our quest for perfection, no matter the obstacles.
KM Ce n’est plus le cas ?
YL Maintenant, je veux être moins dans l’évasion et plus brutalement honnête et engagé. Et surtout, je veux créer une musique qui n’a encore jamais été faite. J’écoute des chansons nouvelles et je me demande sans cesse si elles ressemblent à quelque chose que je connais déjà. Du genre, ah, c’est clairement James Blake, ou Philip Glass, ou très Radiohead. Mais j’ai compris qu’il fallait que j’arrête de me faire du souci pour ça – parce qu’au final, peu importe ce que tu crois être original… Björk l’a déjà fait.
KM Cela signifie-t-il que ta musique est aujourd’hui moins intime qu’auparavant ?
YL Je suis arrivé à un moment de ma vie où je suis un peu fatigué d’être au centre de tout ce que je fais. Du coup, oui, mes chansons récentes ne sont plus forcément inspirées par mes propres expériences ou émotions.
KM Qu’elle soit ancienne ou récente, ta musique raconte souvent des histoires de peur, d’échec et de douleur – des choses très sombres, pour reprendre tes mots.
YL J’ai toujours été plus intéressé par les aspects difficiles. Je pense que c’est ça qui révèle vraiment qui nous sommes – comment on surmonte les obstacles, comment on fait avancer les choses. Comment on continue à avancer dans notre quête de perfection, peu importe les difficultés.
KM This quest for perfection is a value you share with Vacheron Constantin, whom you have been collaborating with since 2022.
YL Our collaboration began when Vacheron Constantin invited me to join their One of Not Many Mentorship Programme—an initiative designed to support young talents by pairing them with more experienced artists. It gave me the opportunity to work closely with a number of young creators, helping them develop their music, their aesthetics, and the visual worlds surrounding their work. At the same time, the partnership offered me a chance to visit the Vacheron Constantin manufacture in Plan-les-Ouates. That experience left a big impression on me. All my life, I’ve been called a control freak and a perfectionist—but seeing the level of detail and dedication at Vacheron Constantin made me realise I’m not alone. It even showed me that I still have room to go deeper, to become even more precise in my own work.
KM As a perfectionist, it must be difficult to know when to stop. How do you decide that something—a video, a song—is finished?
YL When I’m on the verge of needing to be checked into a mental institution…
KM Got it! And once you’ve reached that point, can you let go—like really let go?
YL Oh, I can! Actually, that’s probably the better answer to your previous question: you know it’s finished when it is less painful to let it go than to keep holding on.
KM I love that!
YL The passion I have is really for the quest more than the results. You know, I don’t really listen to the songs I’ve released anymore—even though I’m somewhat nostalgic about the times I spent working on them and the impact that work had on me as a person. There’s a common idea that art should be born from love and that only love produces beauty. But for me, many things come from difficulties and pain. And it’s only when you look back that you realise how those struggles helped you grow.
KM Cette quête de perfection est une valeur que tu partages avec Vacheron Constantin, avec qui tu collabores depuis 2022.
YL Notre collaboration a commencé lorsque Vacheron Constantin m’a invité à rejoindre leur programme de mentorat One of Not Many – une initiative visant à soutenir les jeunes talents en les mettant en relation avec des artistes plus expérimentés. Cela m’a donné l’opportunité de travailler étroitement avec plusieurs jeunes créateurs, en les aidant à développer leur musique, leur esthétique et les univers visuels qui entourent leur travail. En même temps, ce partenariat m’a offert la chance de visiter la manufacture Vacheron Constantin à Plan-les-Ouates. Cette expérience m’a profondément marqué. Toute ma vie, on m’a traité de maniaque du contrôle et de perfectionniste – mais voir le niveau de détail et d’engagement chez Vacheron Constantin m’a fait réaliser que je ne suis pas seul. Cela m’a même montré que j’ai encore de la marge pour aller plus loin, pour être encore plus précis dans mon propre travail.
KM En tant que perfectionniste, ça doit être difficile de savoir quand s’arrêter. Comment décides-tu qu’un projet – une vidéo, une chanson – est terminé ?
YL Quand je suis sur le point d’être interné en hôpital psychiatrique…
KM Compris ! Et une fois ce stade atteint, arrives-tu vraiment à lâcher prise ?
YL Oh oui, je peux ! En fait, c’est sûrement la meilleure réponse à ta question précédente : tu sais que c’est fini quand ça fait moins mal de lâcher prise que de continuer à t’accrocher.
KM J’adore ça !
YL Ma passion, c’est vraiment pour la quête plus que pour les résultats. Tu sais, je n’écoute presque plus les chansons que j’ai sorties – même si je suis un peu nostalgique des moments passés à les travailler et de l’impact que ce travail a eu sur moi en tant que personne. Il y a cette idée courante que l’art doit naître de l’amour, et que seule l’amour produit la beauté. Mais pour moi, beaucoup de choses viennent des difficultés et de la douleur. C’est seulement quand tu regardes en arrière que tu réalises à quel point ces épreuves t’ont fait grandir.